Partez à la rencontre de 8 espèces emblématiques, de leurs lieux de vie, au cœur du bourg et dans certains de nos villages… à pied ou à vélo !
Le Triton marbré
Ce superbe triton a été observé dans deux des mares de la commune, avec une importante population dans la petite mare de la Maison Rouge.
📍 Localisation : Mare de La Maison Rouge
Ce grand triton peut mesurer jusqu’à 16 cm ! Avec son dos noir marbré de vert et son motif ventral gris sombre constellé de petits points blancs, il est facile à reconnaître !à reconnaître ! En raison de ses mœurs nocturnes et aquatiques, sa présence était passée inaperçue à Boussay jusqu’en 2022.
Au cours des inventaires réalisés en 2023, dans le cadre de l’Atlas de la Biodiversité Communale (ABC), les naturalistes sont allés visiter de nuit, avec de bonnes lampes, la plupart des mares de la commune pour voir celles qui abritaient des espèces remarquables. Quelle ne fût pas leur surprise de découvrir dans cette mare du village de La Maison Rouge une très importante population de Tritons marbrés !
Pourtant, ce point d’eau qui s’assèche la plupart des étés et dont la végétation se résume à des graminées, des lentilles d’eau et une petite plante invasive appelée Azole fausse fougère,
ne semblait pas offrir les conditions de vie optimales.
La présence de ce triton a aussi été détectée sur une autre mare du nord de la commune, avec des effectifs très limités. La mare de La Maison Rouge s’avère donc être une mare à fort enjeux de conservation pour cette espèce protégée et véritablement rare sur notre territoire.
Les tritons sont de proches cousins des salamandres, ils sont beaucoup plus aquatiques que ces dernières. On peut les observer dans l’eau en général de janvier à juillet, avec un pic sur les mois de mars, avril et mai. Le reste de l’année, les adultes se cachent dans des cavités obscures et humides dans les talus ou les haies (anciens terriers de rongeurs, sous des souches…).
Le Grand capricorne
Ce très gros coléoptère aux antennes démesurées bénéficie d’un statut de protection partout en France, et il s’avère qu’il est encore très commun dans l’ensemble des haies bocagères de Boussay.
📍 Localisation : Les Vallières
Les Cerambycidae, aussi appelés « longicornes », sont des insectes dontl es larves les sont phytophages (se nourrissent de matières végétales), et même, pour nombre d’entre elles xylophages (consomment du bois). Le plus grand d’entre eux, d’entre bénéficiant d’un statut de protection nationale, est le Grand Capricorne (Cerambyx cerdo).
S’il n’est pas très « flashy » avec sa couleur noire, tout juste réhaussé d’un peu de marron/bordeaux au bout des élytres (ailes supérieures dures), l’insecte est remarquable par ses dimensions. Avec un corps de 5 à 6 cm de long et des antennes de 8 cm en moyenne (parfois plus !), cela donne un coléoptère de près de 15 cm en tout. Des mensurations qui peuvent rivaliser avec bien des insectes exotiques…
Autre fait remarquable sur cet insecte, sa larve se développe durant trois ans en se nourrissant de bois mort dans de vieux chênes bien exposés au soleil (dans des haies, des arbres isolés ou des lisières forestières). C’est un développement très lent, durant lequel beaucoup de larves vont être prédatées en particulier par des oiseaux, ce qui explique que l’adulte ne soit qu’assez rarement observé malgré la présence de nombreux arbres « habités ».
On pourrait penser que cet insecte est « nuisible » en s’attaquant au bois, il est au contraire protégé car considéré comme un indicateur de santé des écosystèmes. Il ne s’attaque pas en principe à du bois « sain ». Il prouve par sa présence qu’il y a du bois à différents stades de décomposition à disposition pour tout un cortège d’espèces(champignons, autres insectes, oiseaux, micromammifères…). Il ne faut surtout pas le confondre avec Hylotrupes bajulus, le Capricorne des maisons, qui lui, peut faire très rapidement de gros dégâts dans une charpente.
Durant les deux années de réalisation de l’Atlas de la Biodiversité Communale, un autre « longicorne » protégé a été observé sur la commune. Il s’agit de la Rosalie des alpes (Rosalia alpina) qui est de taille plus modeste, mais assez spectaculaire avec son corps gris bleuté taché de noir et ses antennes bleues annelées.
L’Alyte accoucheur
Lors des soirées aux températures douces, un curieux chant résonne entre les murets des venelles du bourg, comme des notes de flûte, c’est le chant discret de l’Alyte !
📍 Localisation : Jardin des Grands Cordes
C’est au printemps et durant l’été, quand le temps est doux, que l’on peut l’on détecter la présence de ce petit amphibien protégé, appelé Alyte ou Alyte ou Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans), dans certains coins de jardin du bourg de Boussay.
Physiquement, il n’a rien de très spectaculaire, si ce n’est son œil à l’iris métallisé et à sa pupille verticale. Il est tout petit, mesurant seulement 2 à 3 cm du bout du museau à l’arrière-train. De plus, on ne le voit presque jamais car il passe son temps dissimulé dans les interstices des vieux murs de pierres sèches. C’est donc grâce à son chant très doux que l’on peut le plus souvent s’apercevoir de sa présence. On peut entendre des petites notes flûtées en soirée et durant les nuits de printemps et d’été : « Toût… Toût… Toût… ». Malheureusement, bien qu’il fût autrefois commun dans tous les bourgs et les villages, ses populations ont décliné, principalement en raison de la disparition de ses habitats.
À Boussay, lors des inventaires naturalistes réalisés en 2022 et 2023, il n’a plus été retrouvé dans aucun des villages. Il ne reste plus que quelques petits coins de jardins dans le bourg, notamment dans les les Grands Cordes, qui lui offrent à la fois des vieux murs de pierres qui servent de gîtes aux adultes, et des petites mares et bassins sans poisson où ses têtards vont pouvoir grandir tranquillement.
Chez l’Alyte accoucheur, contrairement à la plupart des amphibiens, la ponte n’a pas lieu dans l’eau mais à terre. Après l’accouplement, le mâle enroule le cordon d’œufs de la femelle autour de ses pattes arrières. Il va s’en occuper en allant régulièrement les humidifier jusqu’à l’éclosion des têtards. À ce moment-là, il rejoint le pont d’eau favorable le plus proche pour libérer sa progéniture.
La chouette hulotte
Des chouettes au Bassin des Lavoirs ? Eh oui ! On l’entend bien plus souvent qu’on ne la voit. La Chouette hulotte est très présente au cœur de notre bourg.
📍 Localisation : Bassin des Lavoirs
Il y a 4 espèces de rapaces nocturnes qui se reproduisent sur notre commune :
- la Chevêche d’Athéna (toute petite chouette de la taille d’une grosse pomme de pin, dont les yeux sont jaunes),
- l’Effraie des clochers (face ventrale blanche, ailes etdos roux),
- le Hibou moyen-duc (brun roux, petites aigrettes de plumes dressés sur la tête et yeux oranges),
- la Chouette hulotte.
C’est cette dernière que les riverains du Bassin des Lavoirs peuvent entendre quasiment quotidiennement. Ne s’activant qu’à la nuit tombée, il est très difficile de la voir, notamment en raison de son plumage qui se fond dans le paysage. En revanche, son hululement très caractéristique (« Hou-hou-hou ! »), permet de constater qu’elle est très régulièrement posée dans les grands chênes centenaires du sentier.
Un autre indice permet de déceler sa présence. On trouve régulièrement sous les chênes ses pelotes de réjection (elles ne digèrent ni les os, ni les poils de ses proies et les régurgitent régulièrement sous forme de boulettes sombres).
Si le régime alimentaire de la Chouette hulotte est composé en grande majorité de petits rongeurs (mulots, campagnols…), elle apprécie aussi beaucoup les grenouilles ! C’est probablement une autre raison de la présence régulière de chouettes hulottes dans ces vieux chênes aux abords de l’eau.
Fiche descriptive « Chouette hulotte »
Le Castor d’Eurasie
Après avoir disparu de nos régions au début du 19e siècle, le castor a fait son grand retour dans notre vallée entre 2010 et 2015.
📍 Localisation : Pré de Sèvre
Si le Castor canadien (Castor canadensis) est bien connu dans le monde entier, il a un cousin européen très ressemblant : le Castor d’Eurasie (Castor fiber).
Ce dernier était autrefois présent quasiment partout en France. Pour des raisons variées, il a été chassé, quasiment jusqu’au dernier à la fin du 18 e et jusqu’au début du 19e siècle. Au 20e siècle, seulement une poignée d’individus vivaient dans le sud-est de la France. Ils ont été les premiers mammifères sauvages à bénéficier d’un statut de protection nationale.
Dans les années 1970, les services de l’état ont tenté des programmes de réintroduction à différents endroits en France (Alsace, Moselle, Bretagne et sur la Loire, notamment en région Centre-Val de Loire). Ces tentatives n’ont pas toutes eu le succès espéré. Dans le bassin de la Loire, la réussite a dépassé tous les pronostics ! Les descendants des castors réintroduits en aval de Blois sont allés s’installer en amont et en aval, et de fil en aiguille, ils sont arrivés jusqu’à la confluence avec la Sèvre Nantaise. Quelques familles de castor ont réussi à s’installer sur l’aval de la Sèvre.
À ce jour, nous pouvons détecter occasionnellement les traces du passage du plus gros rongeur d’Europe sur les rives de la Sèvre à Boussay (saules et peupliers sectionnés et/ou écorcés le plus souvent). Par contre, il ne s’y reproduit pas, il ne s’agit que d’individus de passage.
La famille la plus proche s’étant installée sur une commune voisine un peu plus en aval.
Contrairement au Ragondin (espèce envahissante originaire d’Amérique du Sud), le Castor d’Eurasie se reproduit très lentement (1 à 3 petits par an), il est très territorial et reste fidèle à son unique terrier. Les jeunes d’un an et demi sont expulsés par leurs parents quand leurs frères et sœurs plus jeunes commencent à être grands. Ils doivent alors se trouver à leur tour un territoire en aval ou en amont.
C’est pour cette raison que la recolonisation de nos rivières par l’espèce se fait ainsi par « sauts de puces ».
La Genette commune
Malgré son nom, ce mammifère carnivore nocturne n’est pas si commun, et c’est une espèce protégée.
📍 Localisation : Coteau des 3 provinces
S’il est un mammifère sauvage de nos régions trop méconnu, c’est bien elle, la Genette. Dans la littérature jeunesse, qui contribue énormément aux représentations que l’on se fait de la nature, elle est systématiquement oubliée. On y trouve des lapins, des renards, des blaireaux, des écureuils, des cerfs et bien d’autres, mais la Genette jamais…
Il faut dire qu’avec ses mœurs exclusivement nocturnes, très rares sont ceux qui ont eu la chance de la voir de leurs propres yeux. La journée, cet animal vit caché dans la cavité d’un vieil arbre ou d’un rocher. Ce n’est qu’à la nuit noire que les Genettes partent à la recherche des mulots sylvestres, qui constituent plus de 90 % de leur alimentation.
De plus, dans notre région, elle est loin d’être présente partout puisque la vallée de la Loire constitue, à peu près, la limite de son aire de répartition vers le nord.
D’origine africaine, elle aurait été introduite en plusieurs fois en Europe lors des invasions sarrasines par l’Espagne et le Portugal au 6 e et 7 e siècle. Elle ne semble pas tellement apprécier les secteurs les plus froids. À Boussay, elle se trouve dans les coteaux escarpés exposés plein sud où à la fois la tranquillité, les proies et la température semblent lui convenir.
Les naturalistes qui ont travaillé sur la commune ont consacré beaucoup d’efforts à l’étude de cette espèce. Ils ont notamment détecté ses crottiers (sites de défécation utilisés pour marquer les territoires et communiquer entre individus). Ils ont réussi, à l’aide de caméras automatiques infrarouges, à identifier différents individus reconnaissable à la position unique des tâches sur leur pelage.
Grâce à ces travaux, on peut estimer la population de genettes boussironnes entre 15 et 25 individus.
Le Coteau des 3 provinces constitue un milieu très favorable pour ce petit mammifère carnivore protégé, à ce titre, il fera l’objet de mesures de surveillance et de suivi réguliers.
La genette n’est pas un félin ! C’est le seul mammifère en France à faire partie de la famille des Viverridae. Une famille de petits carnivores principalement représentée dans le monde en Afrique et en Asie du Sud par différentes espèces de civettes.
L’Élanion blanc
Un nouvel arrivant dans nos campagnes !
📍 Localisation : Plateau de la Courtillère
Peut-être avez-vous déjà observé ce petit rapace blanc, gris et noir chasser en vol stationnaire (vol dit « en Saint-Esprit »). Cette technique de chasse était quasiment uniquement connu chez le Faucon crécerelle.
Si vous l’avez vu de près, vous aurez sans nul doute été étonné pars ses yeux rouges écarlates. Il s’agit d’un nouveau venu dans nos paysages, car son aire de répartition historique était africaine !
Il était exceptionnel d’en observer en France jusque dans les années 2000. Les observations sont devenues plus régulières à la fin des années 2010. Et depuis les années 2020, l’oiseau s’est installé et a commencé à nicher dans le secteur. Un développement spectaculaire, très probablement à mettre en lien avec les changements climatiques.
À Boussay, ce sont 3 à 5 couples qui semblent se reproduire, et à terme il pourrait y en avoir plus encore. Ils nichent en général dans de vieux arbres envahis de lierre et restent très discrets durant la période de couvaison des œufs et de nourrissage des jeunes au nid. En revanche, quand les jeunes quittent le nid, ils apprennent à chasser en restant plusieurs semaines sur un même secteur, restant proches les uns des autres. Durant ces périodes ils sont assez faciles à observer, notamment lorsqu’il se posent sur les fils ou les poteaux le long des routes.
Le plateau cultivé du nord de la commune semble être leur lieu de prédilection. Ils apprécient en effet ces paysages assez ouverts, riches en petits mammifères, et offrant malgré tout quelques quelques grands arbres pour se reposer et nicher.
La plupart des rapaces n’élèvent qu’une couvée de petits par an. En Afrique, le climat a permis à des générations et des générations d’Élanions d’assurer plusieurs nichées dans l’année. Ils ont « intégré » ce comportement de manière innée.
On observe désormais couramment dans nos régions des couples d’Élanions qui élèvent 2 à 3 nichées dans l’année. Ceci expliquant probablement l’évolution spectaculaire des effectifs de cette espèce sur nos territoires
Le Triton crêté
Ce grand triton est un amphibien menacé à l’échelle européenne, mais à Boussay, il est encore présent dans beaucoup de mares, dont la mare communale du village de l’Imbretière.
📍 Localisation : mare de l’Imbretière
Voici l’un des joyaux dont la commune de Boussay peut s’enorgueillir d’accueillir des populations très importantes. Excusez du peu… L’espèce est classée d’intérêt communautaire au niveau européen, protégée en France et classée NT (quasi-menacée) sur la liste rouge des amphibiens des Pays de la Loire. Et c’est l’espèce de triton qui a été détectée à Boussay dans le plus de mares !
Le bocage du territoire, avec son maillage de haies et la présence encore relativement nombreuses de mares semble bien lui convenir. On peut même l’observer au cœur de certains points d’eau de « communs » de villages comme ici à l’Imbretière.
Malgré une eau assez claire, vous aurez du mal à les repérer en journée, ils se tiennent souvent cachés au fond ou dans la végétation. Au printemps, à la nuit tombée avec une bonne lampe, peut-être réussirez-vous à différencier les mâles (dont le dos est orné d’une longue crête dentée), des femelles (sans crête). Pouvant mesurer jusqu’à 18 cm pour les plus grands individus, on croirait voir de petits dragons dans la mare !
L’introduction de poissons ou l’arrivée de ragondins dans une mare peut entraîner la disparition de cette espèce. Les premiers sont de grands prédateurs de pontes et de larves de tritons, les seconds se nourrissent des plantes aquatiques qui constituent les supports de ponte des tritons.